Quantique, base du Groupe d'Analyse Comportemental (GAC), Sarzay, France
Nietzche a dit "Pour survivre à la guerre, il faut devenir la guerre".
Le
commandant Arthur Hocher réunit son équipe dans la salle de briefing.
Il demande à
Jeanine Jareau d'exposer les faits. Celle-ci se passe la main
nerveusement dans ses cheveux blonds lissés avant d'allumer son
rétro-projecteur et de montrer les photos d'un meurtre :
– Alors… Heu… la police de
Roubaix nous a transmis une affaire troublante : Joël Cousin, 33 ans,
chômeur longue durée, a été retrouvé mort dans son salon, hier,
le 9 avril, le mot NTIC a été tracée avec son sang sur le miroir. Cela
nous rappelle quatre autres affaires semblables. Mickaël Cloadec à
Douarnenez le 15 janvier, Sylvie Jaunin à Cahors le 22 février, Patrick
Lebon à Cholet le 16 mars, et Thomas Quéro à Morange en Lorraine le 1er
avril.
Arthur Hocher, que tout le monde appelle “Hoche”,
commente sans aucune émotion dans la voix :
– J J, quels sont les points communs entre ces meurtres ?
– Je sais pas moi heu… ah oui ! J'avais oublié : à chaque fois, un mot a été tracé avec le sang de la victime :
MONDE
ACTION
CAPITAL
RESEAU
OMC
NTIC
Jean Guidon, le vétéran de l'équipe, plisse son front dégarni d'une ride :
– Le
meurtrier veut nous donner une énigme.
Sylvain Ridu, jeune asperger, impressionne avec son QI de 660 et ses nombreux diplômes :
– A
priori ce sont des mots du vocabulaire de la mondialisation économique,
mais c'est peut-être un code, je vais essayer de le déchiffrer.
Le grand costaud de la bande, Damien Morgant, un Antillais un peu frimeur, demande des précisions :
– Des points communs à propos des victimes ?
– Sylvie
Jaunin, 50 ans, était
agricultrice bio, Patrick Lebon, 58 ans, était un petit patron de PME,
il fabriquait des chaussures, Thomas Quéro, 41 ans, était syndicaliste. A
priori, aucun rapport, pas le même âge, pas la même classe sociale, et
de
genre différent.
– Bon travail J J, fait Morgant avec un large sourire de dragueur.
– Merci, hi hi hi.
Hoche joue au boss en donnant ses directives :
– Bon,
Ridu, continue à chercher la signification du message codé, et pars
avec Guidon sur la scène de crime à Roubaix, Morgant et moi, nous allons
interroger la police locale, JJ tu nous accompagnes.
Puis il prend son téléphone et appelle Pétronelle Da Silva :
– Da Silva, fais une recherche pour nous sur les meurtres, trouve-nous les points communs entre les victimes.
– Pas de problème, boss, c'est parti !
Soudain, le téléphone portable
de Hoche vibre, il l'ouvre, c'est sa femme :
– Arthur ? Je voulais te rappeller de ne pas oublier ce soir, c'est notre anniversaire de mariage,
j'ai préparé un bon petit souper tous les deux. J'ai trouvé un baby-sitter pour notre fils, ce sera plus intime.
– Armmf
! Désolé chérie, je suis en route pour Roubaix pour le travail, mais je serai là demain, promis.
– C'est pas grave
mon chéri, mais n'oublie pas de venir demain au spectacle de ton fils, il joue une petite pièce pour la fête de l'école.
– Oui j'y serai sans faute… au fait, tu as donc trouvé un nouveau baby-sitter ?
– Un mec génial, il s'appelle George
Foyet.
– Tiens, c'est marrant, il porte le même nom qu'un serial-killer que nous pourchassons depuis des années.
– Tu travailles trop chéri, tu vois des monstres partout.
Hoche raccroche, ils ont du pain sur la planche.
* * *
Avion bi-moteur
en direction de Roubaix.
Assis dans le bi-moteur, le bruit assourdissant des hélices,
Ridu travaille sur le message codé :
– J'ai
compris qu'en fait, ce n'étaient
pas les mots qui importaient, mais la première lettre de chacun d'entre
eux, ça donne : M, A, C, R, O, et N. Si on fait un anagramme avec ces
lettres, on obtient en cinq lettres les mots suivants : Mâcon, Maçon,
Coran, Roman…
Avec Guidon, ils viennent à peine de commencer une partie d'échecs, deux seuls pions ont été joués, Guidon en déplace
un autre et dit :
– Mat en 37 coups… C'est intéressant ce que tu as trouvé, il faudrait se demander s'il n'y a pas un livre
écrit par un franc-maçon à Mâcon qui parle du Coran.
– Mahomet le Prophète, de Voltaire, paru en 1743, j'ai
commencé une thèse sur ce livre pour mon doctorat de lettres, répond Ridu.
– Mais ça n'explique pas le rapport avec
la ville de Mâcon.
– Attend, je me renseigne, dit Morgant qui ouvre les yeux après sa sieste, allo belle des champs, ici prince
de la soka dance.
Da Silva répond au téléphone avec une voix sensuelle :
– Tout ce que tu veux, mon étalon des îles.
– Trouve-moi un rapport entre
Voltaire et la ville de Mâcon.
– Pas
de problème… alors… il y a un café Voltaire à Mâcon…
ah ! Mais j'ai trouvé une trace de retrait de liquide d'une des
victimes à Mâcon, dans un bancomat situé dans la même rue que ce café.
–
Merci Cléopâtre de mes fantasmes.
Hoche conclut :
– Bon, on fait un arrêt à Mâcon.
Le bi-moteur se pose sur la piste de l'aérodrome de Mâcon. La gendarmerie locale leur a prêté une 4L, celle-ci les attend.
Hoche ordonne à Morgant de l'accompagner et aux autres de repartir pour Roubaix :
– Avec
Morgant,
on va dans ce café, on se retrouve tout à l'heure à Roubaix. Ridu : tu
poursuis le décodage du message, il y a peut-être autre chose.
* * *
Hoche
et Morgant entrent dans le café Voltaire. C'est un joli troquet avec
une terrasse. Ils vont au bar et montrent leur carte de police au
patron.
–
Police criminelle, nous avons quelques questions à vous poser, dit Hoche gravement.
– Oui ?
– Reconnaissez-vous cette personne ? demande Morgant en tendant la photo d'une des victimes : Thomas Quéro, le syndicaliste.
– C'est que j'en vois des centaines chaque jour, vous savez.
– Regardez
bien s'il vous plait.
– Ouais,
je me souviens de ce type, il est resté au moins trois heures sur la
terrasse en ne buvant qu'un seul café
noir, le genre de radin qui ne consomme pas et occupe une table pendant
des heures, j'étais à deux doigts de le virer quand quelqu'un est venu à
sa table.
–
Pouvez-vous me décrire cette personne ?
– Alors… heu.. un homme, la trentaine ou la quarantaine,
rouquin ou chatain, habillé en costard, le genre golden boy.
– Et ils sont allés s'asseoir où ?
– A cette table, là.
Morgant
va s'asseoir à la table
et regarde partout autour de lui à la recherche d'un indice, se mettant
à la place de la victime, s'imaginant son interlocuteur, mais rien,
alors il a l'idée de regarder sous la table et aperçoit un petit
fascicule scotché
sous le meuble. Il l'arrache et le lit.
– Hoche ! J'ai trouvé quelque chose. C'est une représentation théâtrale qui
a eu lieu en 1993, et devinez quel était le nom de la pièce ? Mahomet le Prophète !
* * *
Guidon
et Ridu arrivent devant la maison de Joël Cousin à Roubaix, c'est une
petite maison ouvrière du XIXe siècle en briques rouges située dans un
quartier populaire. Ils entrent et trouvent la scène
de crime. Le capitaine Antoine Durand les accompagne, c'est un
enquêteur chevroné, c'est lui qui explique :
– Aucune
trace d'effraction,
aucune empreinte, la victime a été frappée avec une calculatrice et
l'assassin a placé une liasse de billets de dollars dans la bouche.
Guidon commente :
– C'est un tueur organisé, il ne laisse rien au hasard.
Ridu ajoute :
– La calculatrice montre qu'il veut imposer à sa victime la loi
du calcul, et les billets ce sont ses remords, c'est le prix de leur vie.
– La loi du calcul, l'argent, c'est la loi du marché, l'assassin
croit fermement à l'idéologie capitaliste.
Durand voit les choses différemment :
– Je pense qu'on devrait plutôt trouver d'où viennent ces dollars.
– Non,
c'est un individu beaucoup trop intelligent pour n'avoir pas pensé à ça, répond sèchement Guidon.
– Pourquoi
des dollars et pas des euros ? s'interroge Ridu.
– Le dollar symbolise le pouvoir, c'est un homme puissant.
– Et pourquoi il fait ça ? demande Durand, incrédule.
– Il
a tourné
sa victime face contre terre, il veut lui montrer qu'il est le maître,
il fait partie des gagnants, tandis que sa victime fait partie de la
France d'en bas, des sans-dents, des désespérés. Il a du mépris pour
eux, explique
Guidon.
– C'est
rien qu'un grand malade, juge le lieutenant. Au fait, il y a aussi
cette boite de macarons au chocolat sur la table basse, elle
est vide, et l'autopsie n'a pas révélé de traces dans l'estomac de la
victime. En plus, la boite vient d'une chocolaterie d'Amiens, c'est
quelque chose de trop luxueux pour un chômeur.
– C'est sans intérêt, réplique Ridu.
– Et qu'est-ce que t'en
sais le jeunot ? T'as même pas 25 ans.
– J'ai un doctorat de nutripsychologie et un autre en neuroscience, alors je sais que c'est un élément
sans intérêt.
* * *
Quelques heures plus tard, le groupe se retrouve au commissariat de Roubaix. Ils se transmettent toutes les informations qu'ils
ont recueillies. Da Silva les contacte :
– Alors j'ai passé la journée sur les données des victimes, sur leur facebook et
sur les emails, elles ont un point commun : leur haine viscérale de la mondialisation économique.
– Ca explique les dollars, raisonne
Ridu.
– Réunissez tout le monde, on a un profil, dit Guidon.
Devant l'ensemble des policiers de Roubaix, l'équipe du GAC est au grand complet. Hoche commence :
– Merci
de
votre attention, nous pensons que le suspect est un individu de race
blanche, des cheveux chatain roux, il s'habille avec des costumes chics.
– C'est
un homme de pouvoir, ajoute Guidon, un banquier, un PDG ou un politicien.
– Son
profil psychologique indique un psychopathe, renchérit
Ridu, il est intelligent, peut-être même brillant, machiavélique, et
prêt à tout pour parvenir à ses fins, il croit avoir une vision, il se
prend pour une espèce de prophète des temps modernes, une sorte
de révolutionnaire.
– Cherchez
partout autour de vous des comportements suspects : le genre gourou
pour business man, cadre de multinationale
ou de grande banque aux ambitieux projets de fusion, quelqu'un qui
s'enrichit rapidement, un homme pressé qui aime travailler son image,
capable de créer un mouvement politique et de gagner des élections en
quelques mois, précise
Morgant.
– On pense qu'il a environ 39 ans, et que c'est un amateur de théâtre, dit Ridu,
– Il est sûr
de lui, il entre facilement chez les gens, en plein jour, il gagne leur
confiance avec un discours adapté. C'est le genre capable de téléphoner à
tout le monde pour convaincre, dit Morgant.
– Ses crimes sont de plus en plus rapprochés, il prend goût au meurtre, il s'améliore
après chaque crime, il recommencera bientôt, conclut Guidon.
– Vous avez des questions ? fait Hoche.
– Oui, demande un capitaine de police, c'est quoi votre plan pour l'arrêter ?
– Il fera une erreur tôt ou tard, alors on attend son prochain meurtre, précise Hoche.
– Combien de morts
faudra-t-il avant qu'il fasse une erreur ? s'écrie une jeune lieutenant de police.
– Nous
allons l'énerver avec une campagne de
presse ciblée, il se sentira vexé et agira dans la précipitation,
rassurez-vous, dit Morgant, on sait ce qu'on fait, on est des
professionnels.
* * *
L'agent Jeanine Jareau est sur une tribune de presse devant les caméras et les microphones des journalistes.
– Bonjour,
nous souhaitons avertir la population de l'existence d'un serial-killer
qui s'attaque à des personnes adultes, en général hostiles à la
mondialisation économique, il choisit ses victimes parmi les gens qu'il
croit être
des perdants. Nous trouvons qu'il manque de style et qu'il n'est pas
brillant, ses dollars ne nous impressionnent pas, il a beau gagner des
millions, ce n'est pas ce qui fait la réussite d'un homme. Quant au
mythe de la croissance économique,
pfff, ça fait des décennies qu'on sait que l'humanité va dans le mur en
suivant ses préceptes.
Après avoir répondu aux questions, J J retourne auprès de son équipe.
Hoche
la félicite :
– Bravo J J, tu as été parfaite, maintenant il est sûr que notre homme va se manifester.
* * *
Les
meurtres recommencent : un SDF, une péripatéticienne, un enseignant
pro-Poutine, une licenciée de Whirlpool, un Suisse après un
concert de Michel Bülher… neuf en une seule semaine, un vrai massacre.
Ridu commente les nouvelles données des meurtres :
– Alors, nous avons huit nouveaux mots :
BUSINESS
RENDEMENT
INVESTISSEMENT
GAIN
INTERFACE
TAFTA
TAUX
ECONOMIE
Si on prend les premières lettres, on obtient les lettres B,R,I,G,I,T,T, et E.
Cette fois, Antoine Durand se met en colère face à Hoche et le reste de son équipe
:
– Vous m'aviez dit que l'assassin commettrait une erreur, et là, rien, pas un vrai indice, pas un témoin, seulement la psychose
s'est emparée de la rue et les médias nous traitent d'incapables !
– Calmez-vous, fait Hoche, je sais que c'est horrible, mais
c'était un mal nécessaire, vous verrez, faites-nous confiance.
– Non,
je fais moi aussi mon enquête, j'ai enquêté
sur les macarons d'Amiens et j'ai trouvé un lien avec une certaine
Brigitte Macron, ses parents tiennent la chocolaterie, et MACARON, en
plus j'ai trouvé que les dollars proviennent de la banque Rothshild,
c'est un indice sérieux ça
!
Morgant se place devant le capitaine et dit d'un air condescendant :
–
Ecoutez, vous faites ce que vous pouvez pour aider, mais nous, on est les meilleurs dans le profailleling, faites-nous confiance.
–
Je vous laisse vingt-quatre heures, après j'agis selon mes méthodes !
Une fois seuls à seuls, l'équipe a néanmoins quelques doutes, Guidon dit :
– Durand
a raison, on n'avance pas depuis une semaine.
Hoche demande à Ridu :
–
Où en es-tu du déchiffrage du message ?
– J'ai une nouvelle piste, je me demande si cela n'a pas
un rapport avec la mythologie :
MA : MAE THORANI
CRON : CRONOS
BRIGITTE : BRIGIT
Maé
c'est la déesse de la terre chez les Boudhistes, Cronos c'est le dieu
du temps chez les Grecs et Brigit c'est la déesse de la guerre, de la
magie et des arts chez les Celtes. Maé symbolise la Terre, Cronos le
Ciel, et Brigit l'Esprit,
l'Air.
– Comment est-ce que tu sais tout ça ? s'exclame Morgant.
– J'ai un doctorat en mythologie, répond Ridu.
– Mais à quoi ça nous avance
? se lamente Guidon en regardant de nouveau les indices sur le tableau.
Guidon propose en désignant la carte de France accrochée au mur
:
– Nous devrions procéder à une localisation des différents meurtres, cela a certainement une signification.
Avec
Morgant, ils tracent au feutre des lignes entre les points où ont eu
lieu les homicides. Puis ils reculent et voient avec stupéfaction qu'ils
ont dessiné un symbole : une pomme croquée.
– C'est le symbole d'Apple ! s'exclame J J.
– Qu'est-ce que c'est que ce délire ? dit Morgant.
– C'est
un hommage au
grand mathématicien Alan Turing, celui qui a décodé le code secret des
Nazis, celui-ci s'est suicidé en croquant une pomme empoisonnée au
cyanure, répond Ridu.
– Comment tu sais tout ça ? demande J J.
– J'ai un doctorat d'histoire contemporaine
et un autre de mathématique.
– Ca explique pourquoi le meurtrier utilise une calculatrice. Quant à Apple, c'est une des plus rentables
multinationales du monde, d'où les dollars. Par contre, on est toujours pas plus avancés.
– Ca doit avoir un rapport avec la pièce
de théâtre de Voltaire, indique Hoche.
– Je
la connais très bien, dit Ridu, mais je ne vois aucun rapport… à
moins que… Voltaire parle de Cronos dans son traité sur l'idôlatrie et
dans ce même texte, il conclut sur les mahométans que ce sont eux qui
nous traitent d'idôlatres.
– On revient donc à cette histoire de Mahomet, mais qu'est-ce que ça peut vouloir dire ? se lamente Guidon.
Morgant a une idée :
– Peut-être
que c'est pas le contenu de la pièce de théâtre qui
compte, mais la pièce en elle-même, celle jouée en 1993… à Amiens.
Regardez, sur le fascicule, l'adresse mentionnée c'est un lycée jésuite
d'Amiens.
– Amiens, Amiens, quelqu'un nous a parlé de cette ville, dit Guidon en se grattant la tête.
Morgant interroge Da Silva :
– Salut ma belle fée des bois, donne-moi une information : trouve-nous toutes les informations sur
une pièce de théâtre jouée à l'époque.
– Alors… j'ai trouvé mon prince, la professeure
de théâtre d'alors s'appelle aujourd'hui Brigitte Macron !
– Brigitte Macron ! Voilà le message du tueur, essaye de localiser
cette femme.
– Ok ! Ah, voilà, 55 rue du faubourg Saint Honoré à Paris.
L'équipe part aussitôt pour Paris, ils empruntent le TGV. A l'intérieur, ils font le point :
– Brigitte Macron est une femme qui a un lien avec tous ces meurtres, nous devons l'interroger, elle connaît sûrement l'assassin.
* * *
Faubourg St Honoré, Paris
Brigitte sort
du Palais de l'Elysée, toute fringante, elle traverse la rue pour se
diriger vers la boutique voisine Milady dans le but d'y acheter quelques
robes. Soudain, des policiers du GIGN
l'encerclent, elle s'arrête, un peu étonnée. Morgant, en tenue
d'intervention protégé d'un gilet pare-balle et brandissant son pistolet
légèrement de biais, hurle :
– G.A.C. ! Pas un geste Madame Macron !
Elle lève les mains, et les policiers
se précipitent sur elle, la menottent et l'emmènent rapidement dans un véhicule.
* * *
Salle d'interrogatoire
de la police criminelle de Paris
Morgant cuisine la femme avec son tact
habituel :
– Vous allez nous dire quel lien vous avez avec ces meurtres ! Regardez ces photos : quatorze meurtres, et ça va continuer
si vous ne nous dites rien !
– Mais je vous jure, je ne sais pas de quoi vous parlez…
Au bout d'un certain temps, Guidon prend le relais, accompagné de Ridu :
– Madame,
voulez-vous quelque chose à manger ? Un café ?
– Un café je veux bien.
– Ridu, va
chercher un café pour Madame Macron. Bon, cela doit être éprouvant pour
vous, je sais, mais sachez qu'il y a des vies innocentes en jeu, vous
pouvez nous aider, j'en
suis convaincu.
– Je ne sais rien de toute cette affaire, j'en suis désolée.
– Est-ce que cette représentation théatrâle vous rappelle quelque chose ?
Elle regarde le fascicule avec stupéfaction :
– Mais… c'est la pièce que j'ai fait joué à la classe
de mon Emmanuel…
– Emmanuel ? C'est qui ça Emmanuel ?
–
Mon mari.
– C'était un de vos élèves ?
– Oui.
– Parlez-moi de lui.
– C'est un
homme brillant, qui réussit tout ce qu'il entreprend, il s'est lancé
dans une grande révolution pour le pays, un mouvement qui marche bien,
c'est un grand leader.
Derrière la vitre sans teint, Hoche appelle Da Silva :
– Pétronelle, renseigne-toi sur un certain Emmanuel Macron, le mari de la femme qu'on interroge.
– Alors oui, voilà… c'est un
homme de 39 ans, un ancien banquier de chez Rothshild, politicien qui a
gagné des élections récemment. Il a gagné des milions d'euros ces
dernières
années.
– C'est notre homme ! s'exclame Hoche.
Morgant interpelle Da Silva :
– Ma puce, dis-nous où se trouve cet homme actuellement.
– Alors… il revient juste d'une visite à Berlin, il sort de l'avion à Orly.
– Allons-y ! ordonne Hoche à son équipe.
Quelques
minutes plus tard, alors que Morgant roule à très vive allure dans les
rues de la capitale, le téléphone de Hoche vibre, c'est sa femme :
– Oh ! Je suis complètement désolé chérie, j'ai oublié la fête de l'école, je suis impardonnable !
–
C'est pas grave mon chéri, de toute façon le baby sitter m'y accompagne en ce moment, c'est un homme charmant.
– Amusez-vous bien.
– Tiens… il veut te dire un mot.
–
Passe le moi…
– Arthur ? Ne vous inquietez pas, votre
femme est entre de bonnes mains...
– Merci beaucoup Georges, c'est vraiment sympa de votre part.
– Pas de quoi...
* * *
Orly, dix minutes plus tard…
Morgant, Guidon, Hoche, J J et Ridu sont sur les lieux, accompagnés d'une horde de policiers qui bouclent le secteur.
Ils dévisagent toutes les personnes dans le hall central.
– Il doit être là, s'exclame Guidon.
– Da Silva ! Surveille les écrans des caméras de l'aéroport et trouve notre homme, ordonne Hoche.
– Séparons-nous, conseille Morgant.
* * *
Dans
le parking en sous-sol de l'aéroport,
Emmanuel Macron se dirige vers son automobile où l'attend son chauffeur
personnel et son garde du corps. C'est alors qu'il aperçoit un jeune
homme aux cheveux longs qui arbore fièrement un tee-shirt “France
Insoumise”. Il l'interpelle
:
– Hé toi !
– Oui..?
Il s'avance vers lui, avec son sourire séducteur, lui fait un clin d'oeil prononcé et lui dit :
– Pourquoi
as-tu adhéré à ce mouvement de naïfs ? Aujourd'hui, la seule voie
possible, c'est la mienne, libérer la croissance pour créer des emplois,
être
les plus compétitifs !
– Mais Monsieur, je suis pas d'accord, moi heu…
– Rejoins le côté sinécure du marché !
– Non, ça…
jamais, plutôt crever !
– Quelle bonne idée !
Emmanuel sort calculatrice de sa poche et la lève au-dessus de sa tête.
Soudain la voix de Morgant résonne
dans le sous-sol :
– G.A.C. !!!
Emmanuel
se retourne, il aperçoit les groupes spéciaux d'intervention des
brigades anti-criminalité, il est dans le viseur d'une centaine de
fusils d'assaut.
– Lâchez votre arme ! ordonne Hoche qui surgit de derrière une Ferrari rose.
Mais Emmanuel attrappe le jeune gars
et menace de le tuer avec sa calculette.
– N'approchez pas où il meurt avec moi !
– J'y vais, fait Guidon en posant son pistolet à terre.
– Non, c'est trop
dangereux, fait Hoche vainement.
Guidon marche à pas lents en direction d'Emmanuel et de son otage, il cherche à converser avec le tueur
:
– Emmanuel, je ne suis pas armé.
– N'approchez pas !
– Je veux juste parler…
–
Non !
Pendant
ce temps, Ridu réfléchit à toute allure, de la fumée sort par ses
oreilles
: la Terre… le Ciel… l'Esprit… la Terre c'est notre planète, le monde…
le Ciel c'est bleu, comme le fromage d'Auvergne, en Auvergne il y a des
volcans, les volcans c'est le feu de la Terre, l'Esprit c'est ce qui
réfléchit,
le miroir réfléchit, l'eau du lac aussi, c'est l'eau, l'eau et le feu,
ensemble se transforment en vapeur, le verlan de vapeur c'est peurva,
peurva en Bulgare (Ridu a un doctorat de linguistique en Bulgare) c'est
“première”.
Le jeune homme se tourne vers Brigitte :
– Vous pouvez sauver votre mari, que signifie la “première” ?
– C'est lors de sa première fois, au théâtre,
il jouait dans une pièce de Milan Kundera.
– Milan Kundera ? Pas dans une pièce de Voltaire ?
– Non,
celle-ci avait été annulée à cause de la critique de la religion
contenue dans la pièce. Le meilleur ami gay d'Emmanuel s'était suicidé
car
il devait tenir le premier rôle, ses parents étaient communistes, ils
l'ont puni pour n'avoir pas eu le courage de se plaindre de l'annulation
de la pièce. Alors il s'est suicidé en croquant dans une pomme
empoisonnée. Emmanuel
a été boulversé, il en a beaucoup voulu aux parents de son ami.
– Comment s'appellait cet ami ?
– Luc Guidon.
Ridu
contacte Da Silva, la presse de donner à
Guidon toutes les informations concernant Luc Guidon. Elle se met au
travail et en trente secondes chrono, informe Jean dans son oreillette.
Il dit
à Emmanuel :
– Ecoute-moi Emmanuel… Luc… je suis son père !
Cette révélation fait l'effet d'une bombe, Emmanuel vocifère :
– C'est
de votre faute si Luc s'est tué !
– Non, Emmanuel, je n'y suis pour rien, il était atteint d'une sclérose en lamelles du
pancréas, Luc se savait condamné, il n'a pas eu la force de continuer. Baissez votre arme, Emmanuel, c'est fini, tout est fini.
Emmanuel
se met à sangloter et lâche sa calculatrice, laissant échapper son
otage terrorisé. Aussitôt les policiers se jettent sur lui, Morgant lui
met les menottes.
Hoche félicite Guidon :
– Je ne savais pas pour ton fils, désolé…
– J'ai tout inventé, je n'ai jamais eu d'enfants. On porte le même nom de famille c'est tout.
* * *
Dans le
bimoteur qui ramène l'équipe, l'ambiance est sereine et détendue , nos
héros sont conscients que même s'ils ont résolu cette affaire, bien
d'autres monstres
attendent qu'on les arrête.
Hoche reçoit un coup de fil de sa femme :
– Arthur ? Je suis désolée,
cette fois c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase : ça fait
4256 heures que tu es occupé à ton travail et oublie de rentrer à
la maison. Je les ai comptées. Si tu n'es pas là aujourd'hui, je te
quitte pour Georges, lui au moins, il prendra soin de nous.
– T'inquiète
pas chérie, l'avion arrive dans deux heures, je serai là pour le souper.
– Tiens je te passe Georges, il a quelque chose à
te dire.
– Arthur ? Je vous prepare
une de mes specialites pour le souper, vous allez vous regaler… Ark Ark Ark !
Sénèque
a dit : “Les promesses non tenues ne se rattrappent pas avec des
dollars, des abonnements au câble et des vacances aux Maldives...”
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